Les chasses de Monsieur Courbet

Musée Courbet

Courbet a réalisé plus de cent-trente tableaux évoquant la chasse, les chasseurs ou le gibier. Ces œuvres n’ont guère été étudiées à ce jour et en dehors d’une exposition présentée au Japon en 2002-2003 intitulée « A Painter with Hunter’s Eye » et celle du Grand Palais en 2007 où une salle leur avait été spécialement consacrée, les œuvres cynégétiques de Courbet n’ont jamais, à elles seules, constitué le thème privilégié d’une exposition. Ce projet s’inscrit dans le cadre du label Ethnopôle (Pôle national de recherche et de ressources en ethnologie) attribué par le Ministère de la Culture au Musée Courbet en 2010, au titre des activités relevant des thématiques suivantes : les relations entre activités artistiques, population et territoire ; les modalités de représentation d’un territoire ; les modalités d’intervention artistique et d’action culturelle.

Si Courbet est un chasseur expérimenté, c’est seulement à partir de 1857 qu’il se met à peindre des scènes de chasse avec notamment l’envoi de deux œuvres au Salon, La Curée et Biche forcée dans la neige. Cet intérêt tardif peut être perçu comme le souhait de l’artiste de se confronter à ce genre pictural que Napoléon III remet à la mode par son propre goût pour la chasse et que le peintre britannique Landseer fait découvrir à un public de plus en plus large au Salon de 1855.

En premier lieu, l’exposition montrera le caractère novateur des représentations cynégétiques du maître d’Ornans par des comparaisons avec la tradition picturale des siècles précédents. Pour les tableaux de chasse comme dans tout le reste de son œuvre, il impose une vision personnelle tant dans le choix des sujets que par le traitement des rendus de matière.

Nous mettrons également en évidence l’étrangeté des interprétations courbetiennes qui interrogent les chasseurs et les critiques de l’époque qui viennent remettre en cause le « réalisme » de ces scènes loin d’être « exactes comme des mathématiques… » (sic) selon l’expression de l’artiste.

À travers les œuvres présentées, un portrait de Courbet «  chasseur » sera dévoilé, sa manière d’envisager cette pratique mais aussi son rapport à l’animal et à la nature. Nous montrerons que son expérience reste fondamentalement celle d’un « chasseur rustique »  à l’instar de ces paysans-propriétaires qui s’étaient vu octroyer le droit de chasse en 1789 mais qui, du fait de la raréfaction du gibier après la Révolution, en étaient réduits à chasser surtout le petit gibier, à tir et aux chiens courants.

Il s’agira aussi de confronter la peinture de Courbet à quelques œuvres représentatives de ses contemporains sur lesquels il eut une évidente influence.