Elle est retrouvée…
Quoi ? – L’éternité.
c’est la mer allée
Avec le soleil.
Rimbaud, L’éternité (1872)
Présentation de trois œuvres :
Kimsooja, A Laundry Woman – Yamuna river, India, 2000, 10:30 video loop, Silent.
Sigalit Landau, DeadSee, 2005, from Cycle Spun 2007, Video (color, silent), 11:37 min.
Marcel Ordinaire, Le ruisseau du puits noir, 1879, Dole, Musée des Beaux-arts
L’exposition qui réunit les œuvres de Kimsooja, Sigalit Landau et Marcel Ordinaire au Musée Courbet à Ornans, tente, à travers les temps, les lieux et les âges, de parcourir et d’appréhender les mystères de la contemplation.
Ainsi nichée dans le musée, au bord de la Loue, face à son écoulement, l’exposition présente trois regards, trois visions de l’eau, de son passage et des traces qu’elle peut laisser sur l’humanité et son évanescence.
C’est de l’universalité dont il est question ici. La vie qui s’égraine. La mort qui survient ensuite, immuable, passage, pour les uns et les autres, vers un ailleurs ou un après, différent selon les cultures, le même cependant, inconnu et intangible pour tous, mais résolument là, comme une réalité irréelle, comme le symbole flagrant de l’invisible.
Cette exposition se vit comme un voyage presque immobile, qui suit sereinement le fil de l’eau, debout face au déroulement d’un film, ou devant la fixité apparente d’une peinture, dont les vibrations se font sentir après une longue attention, dans la concentration du regard.
Le voyage s’arrête sur les rives de la rivière Yamuna, en Inde, avec Kimsooja, il suit l’enroulement du corps de Sigalit Landau, au beau milieu de la Mer Morte près de Tel Aviv pour se blottir, enfin, au creux de la vallée de la Brème, au bord du ruisseau du puits noir avec Marcel Ordinaire.
Les visions des artistes, pourtant si différentes, ne laissent que des paysages premiers, traversés par ces eaux calmes qui recueillent l’ensemble des mémoires et les emportent avec elles dans le ventre de la terre, dans son cœur, libérant ainsi les hommes de ce monde de l’ici, qui, enfin apaisés peuvent traverser le miroir qui conduit vers l’autre monde, cet ailleurs invisible et intérieur, devenu enfin tangible dans cette plénitude.